Vous pensez sans doute que cette entrée a été rédigée au printemps 2020, pendant l’épidémie dite « de la Covid-19 » ou « du Coronavirus » ? Gagné !
En fait, la transition environnementale s’inscrit parallèlement à la transition épidémiologique, sur le plan chronologique. Cette notion est proposée en 1971 et postule que les grandes maladies infectieuses qui prévalaient depuis l’ère moderne, comme la variole, le choléra, la tuberculose, sont en voie d’éradication et que la morbidité due à des pathologies chroniques et dégénératives va désormais être le défi de la médecine. Lyon, grande ville médicale et pharmaceutique, s’inscrit bien dans le contexte : les frères Courmont y incarnent, au début du XXe siècle, la lutte antituberculeuse, et un centre anticancéreux est développé dès l’entre-deux-guerres. Au cours des années d’expansion urbaine, c’est un « Centre international de recherche sur le cancer » (CIRC) qui implanté dans la ville, à Monplaisir, non loin du pôle hospitalo-universitaire de Grange-Blanche (d’où il déménagera dans les années 2020 pour aller s’implanter au sud du quartier de Gerland).
Peu avant, dans l’indifférence de sociétés marquées par les mouvements d’émancipation de l’année 1968, la « grippe de Hong-Kong » survient et fait près d’un million de décès dans le monde, 30 000 en France. A la fin de la décennie, la proclamation de l’éradication de la variole par l’OMS incarne le triomphe de la santé publique. C’est une victoire de courte durée puisque dès 1981-1982, une nouvelle maladie, le SIDA, apparaît. Et malgré la production d’un vaccin annuel, la grippe saisonnière ne disparaît pas des statistiques de mortalité, ni de la pression médiatique, comme en 2010 au moment de l’épisode dit « H5N1 ».
De façon métaphorique, le vocable épidémies est aussi employé pour des phénomènes non contagieux: on va se mettre à parler d’épidémie d’obésité dans le monde industrialisé, sédentaire, et consumériste lié au mode de vie urbain, d’abord en Amérique du Nord, puis en Europe, et même en Chine.