Association

Plus encore qu’à l’écologie politique, la préoccupation pour l’environnement est souvent associée, dans l’esprit de la population, aux associations. Associations de « protection de la nature », « d’éducation à l’environnement », elles ont foisonné depuis une cinquantaine d’années, touché tous les territoires français, et tous les milieux sociaux. Au milieu des années 1970, le ministère de l’environnement en dénombrait déjà plusieurs milliers !

Le lien entre association et environnement est ancien : dès le XIXe siècle, on recense en Angleterre des sociétés créées pour dénoncer la pollution de l’air de leur ville, ou pour préserver des espaces verts de l’urbanisation galopante de l’agglomération londonienne (Mathis, 2010). Au début du XXe siècle, les sociétés de pêcheurs à la ligne associent la promotion de leur loisir et la dénonciation de la dégradation des cours d’eau (Malange, 2011). En 1966 est créé à Lyon le COSILYO, Comité des sites du Lyonnais, hébergé par le Club Alpin Français. Ses animateurs sont liés avec le monde de l’écologie universitaire : ainsi Philippe Lebreton, professeur de biologie végétale à l’université de Lyon, en sera le principal acteur, impliqué dans le combat contre l’assèchement du marais des Echets. En 1971, la FRAPNA est créée au niveau régional, avec des antennes dans chaque département. Le bulletin édité par la FRAPNA-Rhône permet de suivre les actions dans le département, autour de Lyon mais également dans les monts du Beaujolais et du Lyonnais.
De façon plus locale, différentes associations sont créées pour lutter contre des projets industriels ou routiers, ou infléchir la tendance à l’urbanisation de terrains agricoles ou en friche, aux portes des espaces habités : le Comité brondillant de défense de l’environnement en 1971, l’Association de défense de l’environnement dans la Vallée de la Saône, ou encore SEVDOR en 1974 dans les Monts d’Or. Elles ont parfois une orientation politique, telle l’association créée à Givors par son maire communiste Camille Vallin, ou saisissent des occasions pour se lancer dans le jeu politique: l’AGUP de Sainte-Foy-les-Lyon présente une liste qui remporte les élections municipales de 1977.

Sur l’ensemble de la période et du territoire étudiés, les structures sont très variées, allant du groupe impliqué dans les combats antinucléaires mais aussi dans la réflexion sur sa commune (Vivre Vert Villeurbanne), jusqu’à la branche locale d’une association nationale (Les Droits du Piéton), en passant par le comité lyonnais de l’APPA, association chargée de mesurer la qualité de l’air, et d’éduquer le citoyen-automobiliste au cours d’une « Semaine pour l’air pur » à l’automne 1969 (Roussel, 2019). Elles essaiment dans l’agglomération à partir de 1972 (Joliveau, 1987, p. 113). Thierry Joliveau remarque que « Les créations d’associations sont nombreuses surtout dans les zones où le cadre de vie est, à l’échelle de l’agglomération, plutôt agréable : dans les communes « vertes » et résidentielles de l’Ouest lyonnais. On peut dès lors se poser la question de savoir si le mouvement associatif des habitants, marqué à partir de 1965 par une dimension de défense de l’environnement, n’a pas plus pour objectif le maintien en l’état de situations acquises favorables que la transformation de situations défavorisées. »

Références : sur Lyon, Thierry Joliveau, Associations d’habitants et urbanisation. L’exemple lyonnais (1880-1983), Paris, Editions du CNRS, 1987, notamment 3e partie.
Sur l’Alsace, Carole Waldvogel, Imposer « l’environnement ». Le travail révélateur des associations alsaciennes (1965-2005), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2011.