Routes
Voir aussi : autoroute.
Les années 1960-1970 sont le grand moment de l’équipement du territoire français en routes et en autoroutes. Ce maillage d’asphalte, présenté dans les zones rurales comme une opération de désenclavement, et dans les zones urbaines comme un effort nécessaire de décongestionnement, est conçu par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, corps très puissant dans l’aménagement du territoire et en contact permanent avec les acteurs de terrain comme les élus.
Circuler dans les grandes villes devient, dès le tournant des années 1950/1960, une opération de plus en plus complexe – tout comme stationner, au demeurant. En Grande-Bretagne, un rapport commandé à l’ingénieur Colin Buchanan, intitulé Traffic in Towns, achevé en 1963, aura une grande postérité. Dans les nouveaux quartiers, comme la Part-Dieu à Lyon, des idées inspirées de la Charte d’Athènes visent à séparer dans l’espace les trafics. Les passerelles piétonnes surélevées doivent limiter le nombre de feux et de passages piétons au niveau de la voie publique.
A Lyon, la légende se forge autour de la passion automobile du maire Louis Pradel qui, au retour d’un séjour en Californie, aurait voulu voir adoptée la technique américaine des autoroutes pour la jonction A6/A7, afin qu’on puisse traverser Lyon sans un seul feu de circulation. L’ouverture du tunnel sous la colline de Fourvière en 1971 concrétise ce rêve, non sans entraîner de multiples protestations des riverains, de la presqu’île entre Saône et Rhône.
Dans les Monts d’Or, les habitants protestent contre un projet de rocade autoroutière – au nom de code LY7 – qui détruiraient l’environnement pittoresque de ce massif boisé et encore agreste, aux portes de Lyon.
Les mobilisations sont nombreuses tout au long de la période, de Fribourg (Allemagne) à Toulouse, en passant par Paris, et sa radiale « Vercingétorix » orientée nord-sud. Les projets pharaoniques de l’époque témoignent de l’importance acquise par l’automobile dans le fonctionnement quotidien des sociétés de l’époque, et permettent de réfléchir sur la violence faite au tissu urbain dans certaines métropoles de pays émergents, asiatiques ou africains.
Le phénomène d’élargissement et de transformation des routes est général aux villes occidentales de cette époque.
Pour en voir un exemple nord-américain : http://archivesdemontreal.com/2019/04/18/le-boulevard-decarie-avant-lavenement-de-lautoroute/
(version remaniée d’une thèse d’histoire soutenue à l’université Paris-Est-Marne la Vallée, le 22 novembre 2019.