Sols pollués ou potentiellement pollués
La pollution des sols est devenu un enjeu crucial pour l’urbanisme du XXIe siècle, soucieux de « recycler le foncier », c’est-à-dire d’éviter l’étalement urbain, de densifier les zones proches du coeur d’agglomération, qui étaient autrefois des faubourgs industriels.
Au moment de l’invention des politiques environnementales, la pollution des eaux et de l’air concentre l’attention des populations, des médias, des pouvoirs publics. Quelques cas isolés ont, localement, pu se poser: l’émission La France défigurée fait ainsi un reportage éloquent sur les bidons de produits chimiques qui polluent les sols à Sermaise, dans l’Essonne (1972). https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf92000224/usine-produit-chimique-de-sermaise
En région lyonnaise, à la fin de la décennie, c’est à Dardilly qu’une décharge fait éclater le problème des sols pollués. Celui-ci avait été traité quelques années plus tôt à Niagara Falls, aux Etats-Unis, où un quartier avait été confrontée à la remontée de bidons de produits chimiques de la société Hooker Chemical. Cette affaire dite du Love Canal (le nom du quartier) fut à l’origine d’une politique d’inventaire de « points noirs », dans la plupart des pays industrialisés. La politique visait donc à lister les sites à risque, avant de proposer des solutions de remédiation.
Mais aucun seuil n’était fixé pour déterminer ce qu’est un sol pollué. Et dans l’absence de moyens pour faire des mesures de sols en nombre suffisant, face à la présence de dizaines de milliers de sites industriels, le chercheur Frédéric Ogé proposa la notion de « site potentiellement pollué » à l’ANRED, devenu ADEME en 1991.
Durant cette décennie, les affaires se développent très progressivement au niveau local, en fonction du militantisme associatif et riverain. Les médias peuvent servir de chambre d’écho, mais un journaliste du Progrès analyse, lucidement, en 1996 que « Quand un élu local ou une association soupçonne la pollution d’un sol, en convaincre les pouvoirs publics relève souvent de la lutte du pot de terre contre celle du pot de fer » (ADRML, 361J110, « Sols pollués. Plus de moyens financiers pour effectuer des analyses », Le Progrès, 20 février 1996).
Depuis les années 2010, la question est désormais systématiquement traitée dans le cadre des grands projets urbains (ZAC, Projets urbains partenariaux). Elle entraîne inévitablement des surcoûts de chantiers et des délais allongés. Ce sont jusqu’à plusieurs mètres de terres qui sont extraits pour les projets immobiliers ou les projets de parcs.