Loi du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie

Promulguée par la ministre Corinne Lepage, la loi du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (aussi appelée Nouvelle loi sur l’Air, loi LAURE ou loi Lepage), instaure des outils de lutte contre la pollution de l’air, et des mesures d’urgence à prendre en cas de dépassement des seuils de dangerosité pour la santé humaine. Elle intègre également un volet sur « l’utilisation rationnelle de l’énergie », bien que celui-ci concerne en particulier les installations de chauffage. C’est la première loi concernant la gestion de la pollution de l’air, depuis la loi cadre sur la pollution atmosphérique et les odeurs de 1961.

 

La loi LAURE instaure 3 outils de lutte face à la pollution de l’air :

  • Les PDU : les plans de déplacement urbain. Ils sont rendus obligatoires à partir de 1998 pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Leur objectif consiste en la réduction du trafic automobile dans les centres urbains, et plus globalement dans l’enceinte de leur délimitation géographique, entre autres par le développement et par la promotion, par les entreprises et les collectivités, des transports en commun et des modes de déplacement moins polluants (marche, vélo et covoiturage).
  • Les PPA : les plans pour la protection de l’atmosphère (qui remplacent les ZPS). Ils sont à destination de toutes les agglomérations de plus de 250 000 habitants connaissant ou étant susceptibles de connaître des dépassements des valeurs limites (ou des valeurs cibles) de la qualité de l’air, conformément aux seuils et aux objectifs édictés par l’OMS. Ils ont pour mission de définir les objectifs de réduction des rejets et des concentrations des contaminants présents dans l’air, et de mettre en application au sein de leur périmètre des mesures restrictives, de façon temporaire ou définitive. Ces derniers deviennent obligatoires en 1997, pour ces mêmes agglomérations (les mesures pouvant spécifiquement être mises en place pour réduire les émissions des sources de pollution atmosphérique sont définies par le décret n°2001-449 du 25 mai 2001).
  • Les PRQA : les plans régionaux pour la qualité de l’air. Ils confèrent à l’échelon préfectoral les compétences en matière d’élaboration des programmes liés à la qualité de l’air, valables pour une durée de 5 ans avant leur révision, selon les enjeux propres à chaque intercommunalité disposant d’un PDU ou d’un PPA, et étant sous sa juridiction. Pour ce faire, la préfecture est chargée de mettre en relation les comités régionaux de l’environnement (subordonnés aux Directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement), les conseils départementaux d’hygiène et les représentants des organismes agréés par la loi (associations de protection de l’environnement, associations de consommateurs…). In fine, la préfecture a pour mission de recueillir et de regrouper, dans un inventaire commun, les données d’émissions des polluants, ainsi qu’une évaluation de la qualité de l’air et de ses effets sur la santé publique et sur l’environnement (lequel est ensuite transmis au Conseil supérieur d’hygiène publique de France).

 

Le titre IV de la loi est consacré aux mesures d’urgence. Celui-ci indique le rôle du préfet d’informer immédiatement le public « lorsque les seuils d’alerte sont atteints ou risquent de l’être, [et de prendre] les mesures propres à limiter l’ampleur et les effets de la pointe de pollution sur la population » (article 12). Avec la promulgation du décret n° 98-360 du 6 mai 1998 relatif à la surveillance de la qualité de l’air et de ses effets sur la santé et sur l’environnement, aux objectifs de qualité de l’air, aux seuils d’alerte et aux valeurs limites, les AASQA deviennent officiellement les tuteurs en charge d’informer la population sur « la qualité de l’air constatée et prévisible dans leur zone de compétence, et [qui] diffusent éventuellement les recommandations sanitaires établies par l’autorité administrative compétente » (article 7, titre III). 

 

En matière de métrologie, la loi Lepage impose la création d’un « dispositif de surveillance de la qualité de l’air et de ses effets sur la santé et sur l’environnement […] pour le 1er janvier 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants, pour le 1er janvier 1998 dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, et pour le 1er janvier 2000 pour l’ensemble du territoire national » (article 3).  

NB : Dans l’article trois de la loi LAURE, il est dit que la surveillance métrologique doit être complétée par une surveillance de ses effets sur la santé (l’article premier de la loi stipule d’ailleurs explicitement le « droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé »). Cette spécificité, alors unique au monde dans la teneur d’un texte de loi relatif à la problématique de la pollution de l’air, impose l’utilisation d’outils consacrés à l’évaluation de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. 

Nouveautés et nouvelles contributions

Le portail Transenvir a fait l’objet de nouveaux développements au printemps 2023 grâce au suivi de Sonia Guérin-Hamdi et Vincent Lombard à la MSH Lyon-Saint-Etienne et au travail de Thomas Prost

L’interface de création d’articles relatifs aux documents trouvés dans les archives a été simplifiée. Samuel Vittaz, étudiant de master 1 d’histoire, a fait un stage volontaire en juin-juillet 2023 et a créé différentes notices relatives aux premiers conseils d’administration de la FRAPNA.

Au premier semestre 2024, Galwen Roques, étudiant de master 2 d’histoire, a contribué au site au sujet de la pollution à l’ozone à Lyon, dans les années 1990-2000.

Margot Guggenbuhl, ingénieure de recherche CDD a contribué au site au sujet de l’écologie urbaine dans le Grand Lyon, dans les années 1990.

A partir de septembre 2024, Maxence Ramon, ancien étudiant de master 2 d’histoire, débute quant à lui, pour la chaire Arpenter financée par Vinci, dans le cadre de sa structure de prospective et d’innovation Léonard, un travail de thèse sur l’environnementalisation de l’agglomération lyonnaise de 1989 à 2026 à travers 3 infrastructures, leur histoire, leur gestion et leurs contestations: l’aéroport Saint-EXupéry et la liaison Rhonexpress au centre-ville, la tour ToLyon dans le quartier de la Part-Dieu, et l’autoroute A46.

Epidémies

Vous pensez sans doute que cette entrée a été rédigée au printemps 2020, pendant l’épidémie dite « de la Covid-19 » ou « du Coronavirus »  ? Gagné !

En fait, la transition environnementale s’inscrit parallèlement à la transition épidémiologique, sur le plan chronologique. Cette notion est proposée en 1971 et postule que les grandes maladies infectieuses qui prévalaient depuis l’ère moderne, comme la variole, le choléra, la tuberculose, sont en voie d’éradication et que la morbidité due à des pathologies chroniques et dégénératives va désormais être le défi de la médecine.  Lyon, grande ville médicale et pharmaceutique, s’inscrit bien dans le contexte : les frères Courmont y incarnent, au début du XXe siècle, la lutte antituberculeuse, et un centre anticancéreux est développé dès l’entre-deux-guerres. Au cours des années d’expansion urbaine, c’est un « Centre international de recherche sur le cancer » (CIRC) qui implanté dans la ville, à Monplaisir, non loin du pôle hospitalo-universitaire de Grange-Blanche (d’où il déménagera dans les années 2020 pour aller s’implanter au sud du quartier de Gerland).

Peu avant, dans l’indifférence de sociétés marquées par les mouvements d’émancipation  de l’année 1968, la « grippe de Hong-Kong » survient et fait près d’un million de décès dans le monde, 30 000 en France. A la fin de la décennie, la proclamation de l’éradication de la variole par l’OMS incarne le triomphe de la santé publique. C’est une victoire de courte durée puisque dès 1981-1982, une nouvelle maladie, le SIDA, apparaît. Et malgré la production d’un vaccin annuel, la grippe saisonnière ne disparaît pas des statistiques de mortalité, ni de la pression médiatique, comme en 2010 au moment de l’épisode dit « H5N1 ».

De façon métaphorique, le vocable épidémies est aussi employé pour des phénomènes non contagieux: on va se mettre à parler d’épidémie d’obésité dans le monde industrialisé, sédentaire, et consumériste lié au mode de vie urbain, d’abord en Amérique du Nord, puis en Europe, et même en Chine.

Grand ensemble

Le grand ensemble est une forme urbaine bâtie aux marges des tissus urbains tels qu’ils se présentaient au milieu des années 1950. Composé de bâtiments imposants (barres ou tours), et représentant plusieurs milliers de logements, il a rapidement souffert d’une image médiatique dégradée, et fut accusé de nombreux maux. Dans le cadre du projet TRANSENVIR, Gwenaëlle Legoullon s’est intéressée aux impacts sanitaires et environnementaux de la construction des grands ensembles en prenant des cas d’études dans l’agglomération lyonnaise.

Vue aérienne du grand ensemble de Bron-Parilly (ADRML, 3683W844).