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Editorial « Sommes-nous écologistes? »

Rhône-Nature, n°5, éditorial
Depuis la candidature de René Dumont aux élections présidentielles de 1974, les idées écologistes ont fait leur chemin. A tel point que le vocable « écologique » est employé pour désigner n’importe quoi. On dit par exemple : « une couleur écologique », « il ne fume pas, il est écologiste », ou bien « une opération écologique » pour « une opération de nettoyage, etc ».
UNE CONSTATATION…
Avant de savoir si nous sommes écologistes, il faut donc définir ce qu’on entend par là. A partir de l’écologie-science qui étudie les rapports des êtres vivants avec leur milieu, on est naturellement conduit à se poser la question des liens qu’entretien l’homme moderne avec son environnement. La simple observation des faits conduit logiquement à conclure que nous avons avec la Nature un rapport de domination et d’exploitation conduisant à l’artificialisation totale de notre planète, c’est-à-dire à la disparition de toute vie sauvage et spontanée. Aucun pays n’a encore su concilier développement économique et respect de la Nature dans sa prodigieuse diversité.

L’homme exploite l’homme, comme il exploite la Nature pour gagner toujours plus assurer sa suprématie sur ses voisins et maintenir à n’importe quel prix, une expansion économique dont les limites se dessinent pourtant clairement.
Le COSILYO a nettement proclamé son appartenance au courant écologique et depuis 13 ans, il rassemble des personnes autour d’un certain nombre d’idées concrétisées dans notre Charte Notre action pour la protection de la Nature faune, flore, et milieux naturels sauvages, s’inscrit dans une réflexion globale qui relie l’homme au cosmos et la destruction de la Nature à sa vraie cause : le type de société dans lequel nous vivons.
Le simple souci de cohérence nous conduit dès lors à remettre en question un type de croissance dont les inconvénients l’emportent aujourd’hui sur les avantages, à remettre en cause un modèle de développement inégalitaire aux niveaux national et planétaire.
ET DES CONSEQUENCES…
Partant de là, être écologiste, c’est ré-inventer un autre type de société, non seulement respectueux de la Nature et de ses millions de formes vivantes, mais aussi une société plus juste, moins agitée, dont le but ne serait plus le profit, mais le bonheur de l’homme. Le Progrès, oui ; la croissance, oui ; mais à condition qu’ils soient pour tous les hommes, et ne menace pas la vie sur la terre…
L’écologisme (méfions-nous du suffixe !) stipule la réduction massive des inégalités, l’arrêt de la course au « toujours plus ». il nous apprend qu’on peut vivre mieux avec moins, « être » plus en « ayant » moins…
- C’est pourquoi le Nucléaire est inacceptable, en dehors même de ses incertitudes économiques et de ses risques potentiels. Inacceptable parce que symbole d’une société technocratique, centralisée et énergivorace, opposée à la société autogestionnaire et décentralisée que nous voulons. Une société conviviale comme l’appelle I. Illitch.
- C’est pourquoi l’abus de la voiture individuelle est critiquable : forme moderne de l’individualisme, elle porte en elle ses propres contradictions et nous fait croire que vivre c’est aller toujours plus loin, toujours plus vite.
- C’est pourquoi aussi, est critiquable l’agriculture moderne, prise elle aussi au piège de l’expansion et du toujours plus : plus grand, plus mécanisé, encore plus de pesticides…
- C’est pourquoi nous critiquons la publicité qui nous crétinise, fait prendre des vessies pour des lanternes et le gadget superflu pour l’indispensable.
La Société moderne, agression perpétuelle contre l’homme et la Nature, engendre la violence, le mépris… Les écologistes se sont prononcés pour la non-violence active, la reconnaissance et l’acceptation des autres avec leurs différences.
Bien sûr, tout ça c’est des idées, direz-vous, de l’utopie. Mais l’utopie n’est-elle pas nécessaire pour indiquer la direction ?