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Vivre et produire la ville durable : sociologie d’une promesse urbaine

Héritiers des quartiers écologiques qui ont ouvert la voie à l'expérimentation depuis les années 196, les « quartiers durables » fleurissent un peu partout en Europe depuis une quinzaine d'années. D'abord synonymes de quartiers démonstrateurs à « haute valeur ajoutée », terrains d'expérimentation de nouvelles technologies et de nouvelles pratiques dans le domaine environnemental, les « quartiers durables » ont progressivement recoupé de nouvelles dimensions, notamment sociales et économiques. Ils concernent désormais également des opérations de rénovation urbaine (ANRU) menées dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville. On assiste dès lors à une circulation de principes et de pratiques d'aménagement qui tendent à se constituer en « modèle » pour la ville de demain, à même de répondre à des enjeux aussi bien environnementaux que territoriaux, relatifs en particulier aux dynamiques de ségrégation socio-spatiale. A partir d'une enquête de terrain réalisée dans trois quartiers : Confluence (Lyon), Greenwich Millennium Village (Londres) et Village 2 (Echirolles), l'ambition de cette recherche est d'interroger la consistance de ce modèle du point de vue de sa réception par les habitants et de ses effets sur la vie sociale. Il s'agit ainsi tout autant de mettre à jour les modes d'appropriation de ces espaces habités que d'analyser les types de pratiques vers lesquels ils engagent et les modes de rapport à l'urbanité auxquels ils donnent lieu. Sur cette voie, la thèse s'efforce en outre de comprendre, du côté de la conception, comment s'articulent des logiques d'action issues de référentiels hétérogènes pour souligner, in fine, les risques de recomposition des inégalités socio-spatiales auxquels elles conduisent. As successors of ecological neighborhoods which led the way for experimentation since the nineteen sixties, « sustainable neighborhoods » are spreading all over Europe for about fifteen years. Firstly synonymous of demonstrator urban projects with « high added value », experimental fields for new technologies and practices in the environmental sector, the word has become more plural, including social and economic aspects. In addition, it now characterizes urban renewal projects led in priority areas defined by urban policies. Thus, we observe a large spread of principles and practices, tending to brand themselves as a "model" for urban futures, able to resolve both environmental and territorial issues (socio-spatial segregation). Based on field research carried out in three neighborhoods: Confluence (Lyon), Greenwich Millennium Village (London) and Village 2 (Echirolles), our main ambition is to question the coherence of the model from the point of view of the residents and its effects on their social life. The objective is to emphasize the kind of practices it encourages and the type of relations it develops to the city and to urban life. This research also aims to analyze, from the "urban fabric" conception side, how heterogeneous logics are articulated, so as to underline, finally, the risk of seeing the socio-spatial inequalities reappearing.