Incendie du port Edouard-Herriot

xplosion au dépôt de la Shell Française. Il est très précisément 13h18, le mardi 2 juin 1987, quand cet appel en provenance du service sécurité du port Edouard-Herriot parvient au standard opérationnel des sapeurs pompiers de la Courly. Le feu est sur la ville... Difficile de savoir dans un premier temps le nombre des victimes. Le verdict tombe en fin de journée : l'explosion a fait deux morts. Deux ouvriers de la SNIG, Argimir Garrido, un soudeur âgé de 35 ans et un tuyauteur, Francis Leynaud, également âgé de 35 ans. Cinq autres employés ont été blessés plus ou moins grièvement. Un bilan qui aurait pu être beaucoup plus lourd notamment à la suite de la très violente déflagration qui s'est produite en fin d'après-midi. Par miracle, elle n'a fait que des blessés légers. Reste que pendant de longues heures, des milliers de Lyonnais vont avoir l'oeil rivé sur l'énorme. panache de fumés qui s'élève depuis Gerland. Mercredi 13h48, c'est l'apaisement. Les pompiers peuvent enfin lancer le message tant attendu au P.C fixe installé à la préfecture. "Incendie du dépôt d'hydrocarbure maitrisé." Ainsi, en un peu plus de 24 heures le brasier qui a dévoré 10.000 mètres cubes d'essence, de super, d'additifs, de gas-oil et de fuel domestique et dévasté en grande partie ce dépôt pétrolier de la Shell à Lyon a pu être vaincu. Au total, 200.000 litres de mousse ont été utilisés. Un véritable tir de barrage notamment mercredi matin de 6h15 à 6h45. Pendant plus d'une demi heure, les réservoirs 15 et 16 ont été littéralement bombardés. D'un seul coup, l'une des deux inquiétantes colonnes de fumée a disparu. L'autre s'est évanouie peu après. Cette opération a mobilisé six cents pompiers en rotation dont 200 en permanence. Les soldats du feu de la Courly mais aussi des renforts venus de plusieurs départements dont la Savoie, la Saône-et-Loire, la Loire, la Drôme, l'Isère, l'Ain, le Puy de Dôme mais aussi le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Des moyens puissants ont été mis en oeuvre notamment deux canons crachant 6.000 litres de mousse à la minute. Plus de six mois après, on ne connait toujours pas l'origine du sinistre, les policiers, chargés des constatations n'ont pourtant pas rechigné à la tâche. Pendant plus de trois mois, cinq fonctionnaires de la Section des Affaires Générales de la Sûreté Urbaine ont travaillé d'arrache-pied. Le dossier déposé sur le bureau du juge Baillet, chargé de l'instruction est impressionnent. Au rotai, des centaines de procès verbaux et kilos de documents en tout genre... Source : "Incendie du Port Edouard-Herriot : le feu sur la ville" [rétrospective de l'année 1987] in Lyon Matin, 4 janvier 1988.