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La pollution de l’air dans les années 1960-1990

La pollution de l’air est un problème consubstantiel à l’industrialisation et surtout au basculement vers un système énergétique appuyé sur les énergies fossiles, comme le charbon. Pendant longtemps, elle est représentée par trois phénomènes pris en compte de façon très différente:

  • les mauvaises odeurs, issues de matières organiques en putréfaction, souvent qualifiées de « miasmes » par les médecins et observateurs du XIXe siècle, sont restées jusqu’à nos jours un phénomène aisément perceptible par les riverains. C’est ce qu’on pourrait appeler la pollution « familière », facile à identifier et à dénoncer par les personnes non expertes.
  • Les vapeurs et gaz issus de la nouvelle chimie (usines d’acide sulfurique, d’acide chlorhydrique, mais également de soude) qui se répandent dès le début du XIXe siècle près des grandes agglomérations industrielles (Paris, Rouen, Marseille, Lyon).
  • Les fumées produites par les machines à vapeur, utilisées massivement dans les usines textiles de Manchester ou de Mulhouse (le « Manchester français »), dans la métallurgie et la sidérurgie, comme dans la vallée du Gier.

Ce sont ces dernières qui font l’objet de premières réglementations, sous la forme d’arrêtés municipaux , à partir de 1898 (ordonnance à Paris en 1898; arrêté à Lyon en 1905), et d’une loi en 1932.

En  décembre 1952, le Great Smog de Londres frappe l’opinion publique – surtout dans les milieux d’experts – et au printemps 1954, une commission interministérielle d’étude de la pollution atmosphérique est créée par le ministre de la Santé publique et de la population. Prolongée par l’activité d’associations spécialisées, comme l’APPA, créée en 1958, elle contribue à préparer la loi du 2 août 1961 sur les pollutions atmosphériques et les odeurs. Cette loi-cadre offre la possibilité de créer des « zones de protection spéciale » où la combustion des carburants les plus polluants serait réglementée, sur le modèle des smokeless zones créées en Grande-Bretagne dès les années 1950 et alors que deux arrondissements de Paris font l’objet de recherches menées par les services de la préfecture de la Seine.

Les pages suivantes vont vous emmener dans la France « enfumée » des années 1960-1970, puis celle des ciels urbains pollués par l’ozone, gaz produit par réaction chimique, et celle où l’inquiétude sanitaire revient au premier plan pour lutter contre la pollution automobile et justifier le vote d’une loi « sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie » en 1996.