Maire
Lyon, le 29 avril 1971
Monsieur le Maire
Vous avez déjà constaté combien vos concitoyens sont préoccupés par les problèmes que l’on englobe aujourd’hui sous le terme très général d’ « environnement » et mon propos est de faire avec vous le point de cette question qui présente de si nombreux aspects.
En fait, sous ce vocable nouveau ne se cachent souvent que de vieux problèmes, mais son apparition dans le langage courant marque à la fois une véritable prise de conscience et la volonté d’une lutte accrue contre les pollutions et les nuisances de toutes sortes qui troublent le milieu dans lequel nous vivons.
(ADRML, 1340W55)
Cet éditorial d’une plaquette de la préfecture du Rhône envoyée à tous les maires du département révèle le rôle crucial du magistrat de la cellule de base de la vie politique française. Depuis le XIXe siècle, c’est l’autorité de proximité, celle à qui les citoyens écrivent en premier quand il s’agit de défendre leurs intérêts en matière environnementale, de protester contre les nuisances… ou contre les écologistes. La région lyonnaise, comme certainement beaucoup d’autres, a connu de nombreux débats locaux, lors des élections municipales de 1971 ou 1977, qui prenaient l’environnement pour objet. Dans les villes, la réglementation du stationnement, par exemple, ou l’accroissement de la surface et du nombre des espaces verts. Dans les communes périurbaines, la défense d’espaces naturels menacés par des projets immobiliers.
Pour les écologistes du Rhône, le maire n’est pas une personnalité assez fiable pour la protection de la nature. On peut toujours le soupçonner de céder aux pression de ses administrés-électeurs, à la volonté de développer économiquement sa commune en réservant des terrains à l’industrie ou au commerce, ou aux lotissements résidentiels. La décentralisation de 1982-1983, qui donne aux communes plus de pouvoir dans l’élaboration des plans d’occupation des sols, est donc considérée avec circonspection par ces militants associatifs, qui n’en sont pas à leur première déception suite au changement de majorité politique en 1981 (voir « nucléaire »).
Par la suite, peu de maires s’affirment vraiment environnementalistes de premier plan. Toutefois, certains mènent une politique liée à la situation de leur commune. DAns les Monts d’Or, durant les années 1970, celui de Poleymieux résiste à la périurbanisation. Dans la vallée de la chimie, Franck Sérusclat, à Saint-Fons, s’avère soucieux de développer la concertation entre industriels de la chimie et riverains gênés par les nuisances olfactives voire inquiets du risque d’accident.