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Editorial Rhône-Nature, n°47, avril 1983


            Le développement croissant du “temps libre” va rendre crucial le problème de l’impact des activités de loisirs sur le milieu naturel. L’extension d’activités de “masses” et les conséquences sur le milieu, non mesurées actuellement, nous interrogent et nous amènent à rechercher les causes et les éléments qui engendrent bien souvent des attitudes préjudiciables aux espaces encore naturels.


            Les critères socio-culturels, les modèles qui nous sont imposés par les médias, la bouée de secours que constitue la future “société d’auto-entretien” pour les industriels, sont autant d’éléments générateurs de comportements touristiques auxquels tout un chacun se croit obligé d’adhérer.


            Les congés, les week-ends, l’extension du congé à la carte, sont à la base de ces modèles synonymes d’évasion, de plaquage d’un milieu de vie pour accéder à un autre presque toujours identifié à la Nature.


            Pourtant en analysant les comportements, la nature n’est presque jamais acceptée pour elle-même. Le consommateur a besoin d’arrangements, d’installations sans lesquelles il perdrait bien vite ses motivations.


La Nature vierge, dépourvue d'animation, oblige l'individu à se prendre en charge, à s'investir pour transformer ce vide apparent en un plein de richesses et de découvertes.


Pour être «consommée», la Nature a donc besoin d'être aménagée… L'imagination de l'homme en ce domaine est loin de se tarir, aussi voyons-nous se développer quantité de nouveaux moyens pour attirer ou véhiculer le “Grand Public”. – La récupération du prestige des espaces protégés, les manipulations des termes Nature et Ecologie par les vendeurs de loisirs, valorisant et promotionnant le “Tourisme Vert”.


– Le développement souvent inconsidéré des moyens d’accès, la «goudronite» aigüe dont sont victimes nos campagnes et montagnes, font se rétrécir comme une peau de chagrin des espaces jusqu'alors peu accessibles.


— Les moyens de locomotion dits «verts» (moto, auto, vélo. etc) mettent à la portée de tous des espaces de Nature ayant jusqu’à aujourd’hui conservé leur intégrité.


— Le développement des loisirs (canoé,spéléo, alpinisme, randonnée, U.L.M...... etc) dont la tendance est plus sportive que naturaliste, favorise des états d'esprit peu enclins au respect des milieux.


— Plus grave, l'introduction de l'argent, l'appât du gain rapide, précipitent le déclin de certaines régions qui, durant des siècles, avaient gardé la maîtrise de leur milieu.


            Face à ces éléments, l'élaboration d'une politique cohérente de développement touristique, prenant en charge les facteurs sociologiques, patrimoniaux et écologiques, pourrait contrebalancer les effets négatifs d’un tourisme tous azimuts et permettre l'extension d'un temps libre épanouissant pour l'individu. L'information et l'éducation à la base de cette politique changeraient les comportements, transformeraient les états d'esprit et permettraient une mutation des modèles de base de notre société.


 


Il va de soi que cette transformation n'est possible qu'avec l'adhésion et la participation active de tous pour qu'elle ne devienne pas à son tour une nouvelle mode de consommation.


 


JC. B."



Document trouvé et fourni par Sara Mokni, lors de son stage au LARHRA, juin 2024.