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Bulletin Rhône-Nature n°86, septembre 1988

Le document est un numéro du bulletin Rhône-Nature. Il s'agit d'une revue mensuelle rédigée par le Cosilyo, visant à atteindre un public plus large. Le bulletin aborde les nombreuses thématiques et actualités gravitant autour de l'activité de l'association. Un édito ouvertement engagé, en l'occurrence au sujet de la chasse, ouvre le document. Le site l'île de la Table Ronde est ensuite décrit. On évoque les détails de sa faune, les dangers de construction qui le menace, et la nécessité de protéger l'endroit. L'association de la SPA est présentée en détail, puis le cas des blaireaux de la région est mis à l'honneur. Deux pages sont consacrées à la chasse dans le département du Rhône ; le point de vue des chasseurs, leurs relations avec la nature, ou avec les associations de protection de l'environnement, etc... Enfin, l'activité de l'association est détaillée (affaires en cours, commissions foncières, animations...)
EN GUISE D'EDITORIAL

Cet extrait d'un texte de D.Viard paru dans "La Sauvagine" sous le titre "Tu chasseras mon fils" nous paru intéressant à plus d'un titre !! A vous d'apprécier.

"Alors, un beau matin tu seras le tonnerre, causeras l'effroi, sèmeras la ort. Enfin cette première bécasse cueillie, cassée dans son élan, tu la ramasseras. Tu garderas toujours gravée dans ta mémoire l'image de sa mort.

Admire-le longtemps et lisse lui les plumes, ferme lui les yeux. Et si tes yeux te picotent un peu, tu auras tout compris de l'acte de chasser : sauvage mais si beau. Et dans le rouge-sang du jour qui se finit, cherche l'apaisement.

Un jour viendra hélas, je ne te suivrai plus. Tu seras homme enfin. Tu chasseras mon fils !

SOMMAIRE

- En guise d'éditorial

- Un site à protéger : l'île de la Table Ronde

- Une association se présente : la SPA de LYON et du Sud-Est

- Ballade dans les monts du Lyonnais

- Guerre des tranchées pour les blaireaux

- L'utilisation des ordures... Filière propre d'avenir !

- Diffusion : des panneaux éducatifs sur la Nature !

- La chasse dans notre département

- Le coin du naturaliste : nouvelles d'ici et d'ailleurs...

- Stage : protéger la nature par la maitrise foncière

- Humour

- L'écho tonne - l'écotone

- La vie de l'association

En allant faire les commissions

- foncières

- Juridiques

- Animation

 

[...]

Un site à protéger : l'île de la Table Ronde

Les îles sur le Rhône se font rares surtout celles de quelque importance. C'est pourquoi l'île de la Platière au Péage du Roussillon a été érigée en réserve naturelle et que l'île du Beurre a été protéger cette année par un arrêté préfectoral de biotope.

Ces îles appartiennent à un milieu naturel en forte regression : les zones humides rivulaires, inondables. La végétation qui les recouvre, comme leur géométrie, dépend - ou dépendait - des caprices du fleuve.

Le Rhône assagi par les barrages ne modèle plus guère ses berges et les îles se sont stabilisées. La végétation luxuriante, épaisse, laisse peu de facilité à la pénétration humaine.

Pas étonnant donc que la faune sauvage, les oiseaux en particulier, trouve dans cette nature vestigiale, des coins tranquilles dans un environnement pourtant aussi fortement marqué par les aménagements humains que l'est la vallée du Rhône.

L'île de la Table Ronde, située en face de VERNAISON, n'est plus tout à fait une île. C'est cette langue de terre entre canal et ancien lit du Rhône qui s'effile vers le sud jusqu'en face des communes de GRIGNY et de TERNAY.

[...]

Un milieu fréquenté pourtant intéressant

Aujourd'hui, un pont relie l'île à VERNAISON et à la rive gauche du Rhône. Un terrain de sport s'y est installé et l'endroit, aussi loin que les voitures peuvent rouler, est envahi les fins de semaines par des foules de baigneurs, pêcheurs, adeptes de la moto tout-terrain.. etc... Chacun lave allègrement sa voiture dans le Rhône. Les détritus décorent les berges, depuis le sac plastique ou le journal jusqu'à la carcasse de voiture volée et abandonnée.

Difficile de s'isoler : promeneurs, voyeurs et rodeurs de tout poil circulent. Preuve, s'il en était besoin, que le public a besoin de zones naturelles aux portes de la ville.

Mais comment concilier protection et fréquentation ?

Mais le Rhône impose encore un peu sa loi. A la faveur d'une crue, voilé qu'il recouvre les berges, emportant les installations construites pour les "barbecues", recouvre les immondices de limon et fertilise en même temps l'île.

La végétation luxuriante explose : peupliers, aubépines et puis surtout, les arbres caractéristiques de ce milieu quand on le laisse évoluer tout seul : les ormes et les frênes. La clématite sauvage lance ses lianes à l'assaut des grands arbres et les ronces et les orties font au sol un tapis anti pénétration dont profitent beaucoup d'oiseaux nicheurs : rossignols, fauvette, notamment cette petite fauvette rousse méditerranéenne au chant puissant : j'ai nommé la BOUSCARLE de CETTI.

A l'automne, quand les peupliers se parent d'or, que les aubépines agitent les perles rouges de leurs baies, l'île, empreinte d'une certaine nostalgie, voit son ciel rayé par le passage des oiseaux migrateurs dont les cris nocturnes descendent jusqu'au sol en même temps que les feuille mortes...

Déjà en août, on peut observer sur les rives, le chevalier guignette ou le chevalier aboyeur qui explore méthodiquement la vase de ses longues pattes vertes. Les milans noirs qui nichent nombreux ici se rassemblent parfois le soir en ptits groupes, les pieds dans l'eau sur les berges de graviers, comme pour prendre le frais.

[...]

Des castors très civilisés 

Côté mammifères, l'animal le plus intéressant est le castor. C'est un des trois sites du département naturellement occupé par l'espèce. Installé face au PK 14, la hutte-terrier, adossée à la berge, est très importante. Nous la connaissons - et les surveillons - depuis plus de 10 ans. Malgré quelques aléas, la reproduction s'y est toujours produite jusqu'en 1983. En 1984, il n'y eut plus qu'un castor solitaire. De même en 1985 : le couple détruit ne se reformait plus et nous étions très inquiets sur l'avenir de ce site à castor. D'autant qu'à la même époque un autre famille de castors, située plus en amont (Irigny) avait également disparu et ne sont jamais revenus depuis.

Or, quelle ne fut pas notre surprise, ce soir d'août 1987, à la Table Ronde de ne voir pas moins de six castors ! D'abord le mâle, énorme et solitaire, couleur chocolat. Dans se nage puissant, il rebroussait l'eau du Rhône en joli bourrelet vert ; Puis la femelle apparut, toute dorée, et un jeune d'un an. Enfin, trois castorins de cette année, un peu plus gros que des lapins, vinrent à leur tour jouer sur l'eau verte.

Le tout en pleine lumière du soleil couchant. Les bêtes "très bien élevée" firent longuement leur toilette hors de l'eau avec des gestes appliqués, nous surveillant de coin de leurs œil d'agate, tournant la tête lorsqu'un héron passait trop bas mais indifférents à l'image cocasse du martin-pêcheur essayant d'avaler goulument une ablette trop grosse pour lui à quelques mètres de là.

En bruit de fond l'autoroute où se bousculent des milliers d'automobilistes partis très loin pour chercher peut-être un dépaysement, voire un peu de nature, et ignorant tout des trésors de ce petit coin perdu.. Sur l'autre rive, celle de Grigny, des trains passent, une ginguette égrène ses flons-flons et disperse sur l'eau lisse des reflets d'argent que viennent seuls agiter les poissons qui sautent.

Quel avenir ?

Nous l'avons déjà dit et redit : avoir aux portes de LYON une faune encore riche et des milieux naturels aussi précieux, devrait être considéré comme une chance inouïe, permettant tout à la fois de concrètes actions de protection et le maintien en zone quasi urbaine de secteurs naturels à peu près intacts...

Nos pouvoirs publics ne semblent toujours pas l'avoir compris. En amont de Lyon, à 6 km de la Place Bellecour, vivent aussi des castors, chevreuils, sangliers, oiseaux d'eau et rapaces divers.

Ces richesses naturelles sont grignotées quotidiennement par des dragages intempestifs et ce ne sont pas les projets de grands travaux - comme le barrage de St-Claire - qui assureront la pérennité de ces zones.

A l'aval de Lyon, le premier "site naturel" remarquable est donc l'île de la Table Ronde.

Divers projets y sont en latence ! Zones de loisirs, camping-caravaning (projets communaux) ou réalisation d'un vaste terrain de golf (projet régional).

Les promoteurs de ces projets, au cas où ils ne s'en désintéresseraient pas, ignorent tout des trésors que, sans le savoir, ils risquent de détruire à tout jamais. Si, nous autre protecteurs de la nature qui possédons la "connaissance du terrain" ne sommes pas consultés lors de ces projets, qui le leur dira ?

Ce que nous demandons

Quels que soient les projets d'aménagement prévus sur l'Ile de la Table Ronde nous demandons :

1. que la pénétration motorisée y soit strictement contrôlée et limitée

2. que la partie de l'île - au delà de l'étranglement central - soit classée réserve naturelle, ou au moins bénéficie d'un arrêté préfectoral de biotope. Cela complèterait bien les dispositifs de protection du milieu rhodanien, actuellement en place à l'île du Beurre (commune de TUPIN) et à l'île de la Platière (PEAGE DU ROUSSILLON).

C'est la pointe sud de l'île, entre les PK 13 et 16, qui constitue la zone refuge des castors : c'est là qu'ils se réfugient et qu'ils se nourrissent.

Toute atteinte au milieu (dragage, pose de câbles) peut s'avérer catastrophique.

Des interventions de notre part devraient démarrer prochainement auprès des élus (communes de TERNAY, GRIGNY, VERNAISON) des services techniques départementaux (D.D.A.F.) de la C.N.R. et de D.R.A.E.

Nous avons besoin de bonnes volonté pour prendre en charge ce travail de "prospection" ! Pour les castors et les milans, pour le martin-pêcheur, pour que l'eau du Rhône, couleur de jade en été, continue à jamais à refléter le vol lent des hérons et pour que longtemps encore la surface miroitante du fleuve soit rayée par le museau des castors, d'avance merci.

Daniel Ariagno.

 

UNE ASSOCIATION SE PRESENTE : La SPA

La S.P.A. de Lyon et du SUD-EST a été créée en 1853 et reconnue d'utilité publique par Décret le 23 novembre 1893.

Ses objectifs sont multiples :

- recueillir les animaux abandonnés, les replacer et suivre les animaux après placement

- Recueillir les animaux trouvés, les héberger en attendant qu'ils trouvent leurs maîtres.

- héberger les animaux de personnes hospitalisées ou incarcérées

- Agir lorsqu'il y a mauvais traitements et poursuivre les auteurs de tels actes

Mais aussi :

- aider grâce à son service juridique les personnes ayant des difficultés à propose d'animaux

- renseigner, informer, sensibiliser le public au problème de la protection animale notamment avec une section jeunesse très active

- intervenir sur l'établissement de nouvelles lois ou règlements en matière de protection animale ; de règlementation sur l'expérimentation...

En 1985, la SPA de Lyon et du Sud-Est a recueilli :

- 8065 chiens,

- 4039 chats

- divers (pigeons, cobayes, etc...)

[...]

Les ressources de la SPA sont en effets essentiellement des adhésions, des dons, des legs et quelques subventions (la SPA suppléant dans certaines communes le service de la Fourrière).

[...]

Ballade dans les Monts du Lyonnais

La campagne des alentours de DARDILLY semblait vide ce jour là, ien triste aussi, avec un ciel chargé de nuages gris. Malgré ces apparences décourageantes, je pouvais tout de même observer le faucon Crécerelle, scrutant champs et cultures inclus dans son territoire : en cette période de l'année les jeunes faucons sont éclos et constamment affamés ! Les jeunes traquets pâtres, perchés au sommet d'un buisson ou sur un fil barbelé, les verdiers passant en vol ; les martinets et les hirondelles qui rasent les champs en me frôlant de près, une fauvette grisette planquée dans un buisson, et ce chant interminable émis par quelque alouette... la sortie était banale (!) à son plus haut point lorsque... lorsqu'un hélicoptère vint troubler la nature en se posant dans les champs du centre de virologie animale, et c'est... le ministre de l'agriculture qui en sort ! Enfin, il lit Rhône-Nature (!) qu'il sache que je brûlais d'envie de faire un brin de causette avec lui à propos de haies, d'insecticides, d'agriculture biologique et autres sujets forts embarrassants pour... certain.

La fin de la ballade fut assez remarquable grâce à la présence de deux busards des roseaux femelles qui sont passés au-dessus des cultures alors que cette espèce ne niche pas du tout dans les alentours !! Mieux encore, cete belette qui s'est laissée observer à merveille... mais quelle finesse, quelle agilité, quels mouvements vifs, prompts lorsqu'elle devait se soustraire aux assauts des alouettes !!

Enfin, la ballade se termina par une averse (la chose devait arriver) et je rentrai trempé mais heureux d'avoir passé quelques heures dans la nature, d'avoir vu un individu si remarquable, comme venu des cieux qu'est ce ministre, qui apporta à ma journée un accent singulier.

Alexandre Renaudier (17 ans)

GUERRE DES TRANCHEES POUR LES BLAIREAUX

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L'UTILISATION DES ORDURE... filières propres d'avenir !

La société dans laquelle nous vivons, la "société de consommation", consomme toujours plus, et donc produit toujours plus... de déchets ! Pendant de trop longues années, on a -à proprement parler - enterré le problème dans les décharges. Cette solution de facilité, si elle a pu être utilisée jusqu'à présent, devient aujourd'hui problématique à mettre en oeuvre : pollution de la nature, encombrement, perte de matériaux utilisables et même coût élevé sont en effet ses corrolaires.

Heureusement, des alternatives diverses s'offrent maintenant à nous. Je vais m'employer à vous faire le tour des principales.

Le recyclage

Ce retraitement de déchets réutilisables prend une importance croissante. Ce sont surtout le verre et le papier ui sont actuellement concernés.

Le verre :

En 1984, début d'une récupération à grande échelle en France, 400 000 tonnes ont été récupérées. Depuis, ce chiffre s'est fortement élevé. Le résultat ?

- protection de l'environnement par diminution de la pollution.

- économie de matières premières

- Economies d'énergie :

10 tonnes de verre récupérées : 1 tonne de pétrole économisée !

Cette technique est largement porteuse d'espoir, puisque plus de 900 conteneurs sont installés dans la COURLY et plusieurs dizaines de milliers en France... ALORS, DONNEZ VOTRE VERRE !

Le papier :

Dans ce secteur, la France est encore très en retard sur la RFA pourtant, son recyclage possède un très grand nombre d'atouts, actuellement négligé.

Qu'on en juge plutôt :

- atouts écologiques :

- Protection de la forêt : et oui, il ne faut pas oublier l'énorme gachis causé par la coupe de milliers d'arbres destinés à la fabrication du papier !

- Economies d'énergies : 2 tiers économisés par rapport à la fabrication du papier neuf !

- Moins de pollution de l'eau

- Economie d'eau : 99% EN MOINS ! Oui, j'ai bien dit : 100 fois moins d'eau utilisée. Ca fait rêver, non ?

- atouts économiques :

- emplois : il peut être maintenu dans l'industrie papetière Française

- amélioration de la situation de la balance commerciale

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Production d'amendements combustibles et organiques

En 1984, la France a importé 1 381 916 tonnes d'amendements organiques pour 218 000 000 Frs... Tout en produisant 800 000tonnes, dont seulement 500 000 sont vendus !

En effet, l'aspect du Compost, ainsi obtenu est dans bien des cas un frein à la vente. Celui-ci s'améliorant, on pourrait réduire les importations.

Quels principes est donc utilisé pour transformer nos ordures en amendements ?

- 1) Tri des ordures

- 2) broyage

- 3) Compostage des déchets organiques à transformation rapide

On obtient ainsi de l'engrais d'une part, et des granulés combustibles de l'autre, disponibles pour la production d'énergie ;

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La production d'énergie

Le gaz de fumier ou BIOGAZ

De la fermentation du fumier, on peut tirer un gaz contenant 66% de méthane, gaz combustible. D'autre part, le fumier résultant est plus concentré, enrichi en azote, en phosphore et potasse, donc plus fertilisant. On obtient donc du bon engrais, et du gaz pour produire de l'énergie.

La méthanisation des ordures ménagères :

Elle se base sur le même principe que la production de biogaz à partir du fumier : la fermentation. Elle aboutit aussi à la production de gaz combustible.

En France, c'est la société VALOGRA qui exploite cette possibilité. Créée par un écologiste militant, elle est détenue à 20% par G.D.F., 6,5% par le Crédit Lyonnais et 1% par la Caisse des dépots et Consignations. Elle revend le Gaz à G.D.F.

Pour le moment, la méthanisation des ordures n'est pas très compétitive. D'autres installations la rendront probablement rentable.

Incinération des ordures ménagères :

Ici, le principe est le plus simple : les ordures sont brulées, libérant de la chaleur utilisation sous forme de vapeur (pour le chauffage) ou d'électricité (par l'utilisation de turbine).

[...]

On a trop souvent tendance à oublier que la biomasse et les ordures peuvent être des sources d'énergie. Pourtant :

- des particuliers à la campagne utilisent le biogaz pour leur chauffage, leur cuisinière...

- a coté du redoutable "Superphénix" de Creys-Malville, Maurice François a installé chez lui une mini-centrale utilisant le liier de porc pour produire du biogaz.

- depuis peu, la tannerie RONZON, de Saint-Symphorien-sur-Coise, récupère ses déchets très polluants pour produire du méthane.

Le résultat ? 8,5 mètres cube de résidus quotidiens permettent la production de 268 mètres cubes de gaz à 74% de méthane. L'énergie disponible pour l'utilisation industrielle est ainsi de 32 tonnes Equivalent par an.

Les résidus, eux, diminuent : de 41% ! Notons que les tanneries Françaises rejettent 100 000 tonnes de déchets et boues en 1 an. Ce système a donc de l'avenir !

En bref, que peut-on tirer de cette étude ?

Premièrement, qu'une bonne utilisation des ordures pourrait permettre une sacrée diminution de notre déficit de la balance commerciale ! Deuxièmement, qu'elle amènerait une bien meilleure protection de la nature. Troisièmement, qu'elle provoquerait de substantielles0 économies.

DONC, QUE LE BON RETRAITEMENT DES ORDURES MENAGERES, C'EST L'AVENIR, PARTICIPEZ-Y !

Eric Bascol (17 ans)

 

LA CHASSE DANS NOTRE DEPARTEMENT

Rappelons que si la chasse n'est pas notre sport favori, nous comprenons que d'autres puissent en tirer un certain plaisir... Et que les non chasseurs peuvent aussi jouir de la faune sauvage au même titre que les chasseurs avec d'autres motifs et d'autres buts, le tout sur un pied d'égalité, en toute démocratie. 

Ce principe que nous défendons depuis de nombreuses années, a conduit à la création en mars 1986 des CDFS (Comité départementaux de la chasse et de la faune sauvage) où siègent les différents “utilisateurs” de la nature : chasseurs – majoritaires – agriculteurs, forestiers et associations de protection de la nature.


Depuis, le CDCFS a siégé quatre fois dans le Rhône et nous pouvons dresser un premier bilan avec des points intéressants pour plusieurs raisons :




  • mentalité générale du département. (Ce n'est pas la Gironde.)

  • Pauvreté de la faune prestigieuse : pas de cerfs ou de chamois.

  • l'absence de milieu riche en gibiers d'eau ?

  • Position relativement “éclairée” de la Fédération des chasseurs.


Les points positifs concernent le petit gibier (Perdrix, Lièvre) et le chevreuil.


Le plan de chasse au chevreuil – mesure nationale - a donné de bons résultats malgré des difficultés locales. Les sociétés de chasse ont parfois tendance à surestimer le cheptel afin de tirer plus d'animaux. Les perdrix et les lièvres ont vu leurs effectifs s'accroître dans certains cantons à la suite de l'instauration de plans cynégétiques. Il faut dire aussi que le coût du lièvre tué devenait prohibitif : plus de 5000 francs. Les lâchers d'animaux ont donc vécu : tant mieux !


Face à une base largement ignorante des problèmes de survie des espèces de maintien des populations de gestion des stocks, il n'était pas évident de faire admettre la nécessité de fermer la chasse pendant au moins 3 ans, puis de la réouvrir en limitant la période et le nombre de prises de manière draconienne.


D'autres points - hélas - n'incitent pas au même optimisme.


Aucun dialogue n'est pu s'instaurer à propos des petits carnivores tels que Belette, Hermine, Putois et Martre, dont les chasseurs ne comprennent pas que leur abondance quand elle existe, est le signe d'une faune riche, nombreuse et diversifiée. Le lapin tué par un renard est toujours remarqué, mais jamais les nombreux campagnols ou mulots de son menu quotidien, qui provoquent eux des dégâts importants aux cultures.


Des chasseurs viennent d'obtenir que le Blaireau soit chassé 9 mois sur 12 dans le Rhône, au prétexte qu'une vingtaine de dégâts localisés assez peu importants en 5 ans. On apprécie la valeur de l'argumentation quand on sait que le sanglier, classé espèce nuisible, est en partie nourrie par les chasseurs et provoque des dégâts annuels de plusieurs dizaines de millions de centimes.


La question des gibiers de passage  (gibier d’eau, Merle, grive) constitue également un point de divergence majeur. Il faut savoir que la plupart des espèces concernées ne nichent pas en France qui représente un lieu de passage obligé entre les zones de nidification nordique et les lieux d'Hivernage espagnol ou africain.


C'est dire l'importance d'une question européenne et non plus nationale.


La chasse aux gibiers de passage cesse le 28 février, soit un bon mois après le début des migrations de retour. À ce moment, les canards abattus sont en fait des reproducteurs, dont les réserves de graisse constituées pendant l'hiver conditionnent directement la réussite dénichée. Il ne s'agit donc plus d'un prélèvement raisonnable mais d'une atteinte au capital faune.


Ces considérations biologiques, résumées de manière presque caricaturale, ne trouvent aucun écho chez les chasseurs malgré les confirmations éclatantes des études menées par l'Office national de la chasse, pourtant gérée directement par eux.


Enfin, la France se trouve en contradiction avec les directives européennes qui interdisent la chasse de printemps.


Les chasseurs se refusent à toute discussion et font pression sur le statu quo actuel. Une telle attitude ne peut pas ne pas avoir des conséquences à terme et nuit plus que tout autre à une image de marque déjà médiocre.


[…]


LE COIN NATURALISTE