Lettre manuscrite du docteur Albert Guichard, professeur à la Faculté, 46 quai Saint-Vincent Lyon 1er, 20 déc 1971
« Monsieur le Préfet,
Voici plus d’une semaine que le Tunnel de Fourvière a été ouvert ; or sur les quais de Saône, il passe encore beaucoup de camions semi-remorques qui ne sont pas des camions citernes, les quais leur servent même parfois de parking pour la nuit !
Lyon aurait-il parmi les villes de France, le triste privilège d’être traversée de bout en bout par les poids lourds en son plein centre, alors que partout, dans de modestes villages, on s’efforce d’en détourner la traversée !
Et pendant ce temps les campagnes contre les nuisances battent leur plein !
Les riverains des fleuves lyonnais seraient-ils les seuls à ne pas avoir le droit au sommeil et au repos le soir et à être les principaux candidats aux établissements psychiatriques ?
En ce qui concerne les quais de Saône, certains automobilistes les prennent pour une autoroute et jusque tard dans la nuit, lancent leur moteur à plein régime, tâchant de devancer les feux rouges (klaxonnant au besoin le voisin), parfois on pourrait se croire sur la piste du Mans !
N’est-il pas possible d’instituer une limite de vitesse à 50 km/h comme dans toute traversée d’agglomération, au moins à partir d’une certaine heure.
Je vous prie de croire, M. le Préfet, que les quais de Saône deviennent invivables, les appartements à vendre trouvent difficilement preneur et pour ma part je regrette d’avoir pris la décision d’en occuper un à une époque où le sens unique n’était pas encore instauré. Celui-ci a considérablement favorisé la vitesse des automobiles.
Excusez-moi Monsieur le Préfet de venir vous importuner, mais je me suis laissé dire qu’en dernier ressort, vous seul aviez décision en la matière et je vous serais très reconnaissant de bien vouloir vous pencher sur ce problème qui me semble important »