Conférence de presse sur les problèmes de l’environnement
Donnée par : M. Camille VALLIN, Sénateur Maire de GIVORS, Président de l’Association de lutte contre les pollutions et de défense de la nature de la vallée du Rhône. M. René NOZERAN, Professeur de biologie végétale – Université de Paris-Sud. Mme Suzanne POMMIES, Enseignante, animatrice de la lutte contre la pollution dans le Sud-Ouest
Les problèmes d'environnement, de cadres de vie, qui exprime une aspiration légitime au mieux vivre, prennent de nos jours une importance d'autant plus grande que notre environnement est dégradé.
Nos rivières, nos lacs, les maires subissent de graves pollutions, comme l'air que l'on respire. Le bruit envahit notre vie quotidienne. La nature est agressée, les équilibres naturels compromis.
La prise de conscience de la réalité et de la gravité de ces phénomènes n'a cessé de grandir. Mais elle ne suffit pas pour y porter remède. Elle est parfois dévoyée par des théories passéistes qui méconnaissent les véritables problèmes et qui mettent en accusation la science, le progrès, les technologies nouvelles.
définir les causes réelles de la situation ; en récusant ces accusations sans fondement ; élaborer un certain nombre de principes d'actions correspondant aux réalités de ces temps et aux besoins du progrès humain ; donner aux luttes diverses et multiples pour l'environnement, qui se mène en ordre dispersé ont de nombreuses régions du pays, une dimension nationale ; telles sont les deux raisons fondamentales pour lesquels nous avons pris l'initiative d'inviter des responsables d'association, de comités de lutte, des scientifiques, des juristes des élus locaux. […]
Les atteintes à l'environnement, à la nature, ne sont pas la rançon inévitable du progrès, du développement économique, des sciences et des techniques.
Comment nier en effet, que le progrès des connaissances a été bénéfique pour l'humanité, en améliorant les conditions d'existence des hommes, en prolongeant considérablement leur espérance de vie.
Ces progrès ont permis, dans les pays industrialisés, d'éliminer les catastrophes écologiques du passé, les épidémies dévastatrices, la famine. Et c'est précisément parce qu'ils n'ont pas pu en bénéficier que, dans les pays du tiers-monde, les milliers d'enfants et d'adultes meurent chaque année de faim ou de maladie, qui pourrait être vaincues, et que l'expérience de vie y est 2 fois moindre que dans les pays développés.
La défense de la nature ne peut donc se concevoir ni par un impossible autour au passé ni en faisant obstacle aux nécessaires progrès de la science.
Dès les premiers âges, l'homme s'est efforcé d'arracher à la nature les moyens de sa subsistance, la transformant sans cesse pour vivre mieux. Plus les connaissances scientifiques progresseront, mieux il sera en mesure de le faire. Cela ne peut qu’être bénéfique pour l'humanité, à la condition impérieuse toutefois que les lois de la nature ne soient pas transgressées, que les richesses naturelles ne soient pas gaspillées.
Or, force est de constater que l'activité économique privilégie la recherche du profit au détriment du respect de la nature, transformant nos rivières nos fleuves nos lacs, on poubelle de l'industrie et en moyen de transport gratuit pour évacuer ses déchets et effluents pollués.
La pollution organique ou par les métaux lourds comme le mercure, compromet non seulement la faune et la flore aquatique et Marine mais elle met en danger la santé des populations.
Protéger la qualité de l'eau, de l'air, est devenue une exigence vitale. De même sauvegarder le repos des citadins agressés par le bruit.
Il est possible de porter remède à ces phénomènes négatifs. La science, si la recherche est encouragée en est capable.
Faut-il encore que le souci de préserver les équilibres naturels et la qualité de vie prenant le pas sur la volonté de profit.
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Et les problèmes posés sont nombreux et complexes. On voici quelques-uns parmi les plus importants :
- Nécessité d'éliminer la fabrication de certains produits polluants,
- Réintroduction de certains déchets dans le cycle de la production permettant la récupération de matières premières et la suppression d’effluents polluants.
- Épuration efficace des rejets dans l'eau et l'air tant pour les pollutions industrielles que domestiques.
- Développement de la recherche pour l'utilisation rationnelle des ressources naturelles, la diversification des sources d'énergie avec le souci constant d'assurer la plus grande sécurité.
- Recherche permanente de moyens de transport plus propres et plus efficaces.
- Préservation des espèces, sauvegarde des sites naturels, réactivation des zones de montagne et des zones rurales désertées par leurs habitants.
Mais bien sûr d'autres problèmes sont encore posés.
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Dans toutes ses dimensions, l'essentiel reste à faire.
Certes, en raison de l'aggravation des phénomènes de pollution et de la sensibilité grandissante des populations, les pouvoirs publics ont dû prendre quelques mesures : loi de 1964 sur l'eau instituant les agences de bassin ; loi de 1975 créant l'agence nationale pour la récupération et l'élimination des déchets ; mise en place d'un ministère de l'environnement et du cadre de vie.
Sans nier certains aspects positifs qu'elles comportent, ces mesures ne peuvent suffire à régler des problèmes de très grande ampleur et d'une extrême complexité. D'autant qu'elle se heurte, à l'évidence, au refus d'accorder des moyens financiers suffisants et surtout de porter atteinte si peu que ce soit, à la réalisation du maximum de profits : moteur et but du système économique actuel.
De ce fait, l'arsenal législatif et réglementaire, bien qu'abondant, n'est pas adapté aux besoins, les moyens en hommes et matériels pour faire respecter les textes sont notoirement insuffisants ; les sanctions pénales l'encontre des pollutions sont dérisoires. Certaines grandes industries continuent ainsi à polluer massivement, quotidiennement et impunément.
Une nouvelle législation s'impose. Elle doit intervenir sur le choix des produits fabriqués comme sur celui des implantations industrielles. Elle doit prévoir expressément une large et complète information, aussi bien des travailleurs des entreprises et de leurs organisations que des collectivités locales et des populations concernées. Les pouvoirs des uns et des autres en la matière doivent être étendus et devenir réels. Les collectivités locales doivent pouvoir disposer de moyens financiers suffisants. Informer, consulter et tenir compte des avis donnés c'est l’ABC de la démocratie et aussi le garant des décisions raisonnables.
Les contrôles antipollution doivent être réellement organisés, Ce qui implique des moyens renforcés. Un véritable code de l'environnement doit être mis au point et le délit d'atteinte à l'environnement, qu’il faut instituer doit être assorti de sanctions pénales sévères.
Naturellement, les accords internationaux sérieux sont indispensables afin que les efforts entre les différents pays soient coordonnés ce qui est la condition d'une réelle efficacité.
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Nous nous adressons à tous ceux qui sont sensibilisés par les problèmes de l'environnement. Même s'ils ne partagent pas toutes les idées et appréciation exprimées ci-dessus nous les appelons à se joindre à nous.
Il est important que le plus grand nombre d'associations, de comités, d'organisations, y compris celles des travailleurs dans les entreprises, de personnalités diverses : scientifiques, juristes, élus locaux rejoignent notre mouvement.
Que des dizaines, des centaines de comités nouveaux se constituent, partout où se fait sentir la nécessité de préserver nos rivières et nos fleuves, nos lacs, la mer et ses rivages, partout où il faut préserver la qualité de l'air que l'on respire, partout où il faut faire cesser les agressions du bruit.
Les portes de notre mouvement sont grandes ouvertes. Plus nous serons nombreux et plus grandes seront notre force, notre audience et notre efficacité.