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PV du Conseil communautaire du 15 juin 1992 : vote de la Charte de l’écologie urbaine à l’unanimité

PV du Conseil communautaire du 15 juin 1992 : vote de la Charte de l'écologie urbaine à l'unanimité.

15 juin 1992 : N°92-3307 – Incendie, Secours et Ecologie Urbaine – Lyon – Charte de l’écologie urbaine du Grand Lyon – Département Développement Urbain – Mission Ecologie Urbaine


Mr le Président : (…) Premièrement, c’est la première fois qu’une collectivité s’engage aussi clairement dans une politique active en faveur de l’écologie urbaine, engagement non seulement sur des principes, sur des objectifs, mais aussi engagement accompagné d’un calendrier précis et de données budgétaires. (…) Troisième importance, on la trouve dans la méthode qui a été suivie. En effet, pour élaborer cette charte en concertation avec l’ensemble des acteurs -élus, experts, associations », nous avons organisé une séance d’audition publique -chacun s’en souvient- il y a maintenant deux ans, un premier débat d’orientation il y a un an et une suite continue d’avis recueillis et d’expertises sollicitées. Ce plan porte sur 1,2 milliard de francs pour les trois prochaines années. (…) nous passerons des audits énergétiques et d’isolation des bâtiments à la collecte des déchets toxiques en quantité dispersées, en passant par la construction de déchetteries, le développement du traitement des eaux usées, le développement du réseau des capteurs de pollution atmosphérique. (…) Bien sûr, nous n’avons pas attendu l’édition de cette charte, l’adoption de ce plan d’action pour intervenir dans le domaine de l’écologie urbaine. Chacun se souvient par exemple de l’importance de la décision que nous avons prise conjointement avec le Conseil général, avec l’assentiment postérieur de l’Etat, pour le classement de Miribel-Jonage. Chacun se souvient aussi de notre délibération, en juillet de l’année dernière, pour le plan de développement des transports en commun. Le document sur lequel nous allons délibérer ce soir a le mérite de réunir, de compléter, de conforter l’ensemble de notre politique dans ce domaine. (…) Je crois qu’il faut néanmoins insister sur cette sensibilisation du grand public, à commencer bien sûr par la sensibilisation des enfants dès que possible, dès l’école. C’est d’ailleurs là tout le sens d’une partie de l’organisation de cette exposition sur l’écologie urbaine du Grand Lyon qui a lieu actuellement place Bellecour et qui connait un succès considérable. (…) D’ailleurs, cette notion d’écologie urbaine n’est pas récente. Je crois qu’elle a été utilisée la première fois par l’école d’architecture de Chicago dans les années trente. Nous n’inventons rien. En out cas, elle est dans le droit fil de l’histoire de l’écologie. (…) En France, il y a trois temps autour de trois décennies : dans les années 70, il s’agissait surtout d’insister sur la protection de la Nature (…). (…) Dans les années 80, (…) de la nature, on passait à l’environnement. (…) les préoccupations relatives à la protection de la faune et de la flore ont laissé la place à la qualité de l’air, de l’eau, aux déchets et au bruit. Enfin, dans les années 90, le terme d’écologie urbaine vient renforcer celui d’environnement et désigner plus précisément la préoccupation nouvelle, ciblant l’intérêt et les objectifs d’actions sur les zones urbaines puisque 80% de la population vivent dans des zones urbaines. (…) En tout cas, ce plan d’action d’écologie urbaine proposé ce soir à notre délibération est un véritable contrat de qualité de vie avec les habitants du Grand Lyon. Un contrat de qualité totalement novateur en France puisqu’il a nécessité l’engagement d’un très grand nombre de conseils, de collaborations et d’élus depuis 2 ans. (…) en créant un observatoire nous permettant de suivre ces actions, d’en mesurer l’efficacité et bénéficiant pour cela de concours extérieurs. (…) Je vous demande de voter ce plan qui me paraît être une clé essentielle d’action pour les prochaines années.


M le Vice-Président Pillonel : (…) Il s’est écoulé deux ans entre la présentation de ce soir et la première réunion avec les associations le 1er juin 1990. C’est long et court à la fois. (…) mission Ecologie (…). « Quant à la charte de l’écologie, il n’y a rien que je n’attende d’elle ».


Mme Escoffier (groupe socialiste) : Nous considérons cette charte comme une première base de travail, et nous la voterons. (…) Notre groupe a fait ajouter trois éléments essentiels : (…) une procédure d’évaluation sans laquelle les promesses risquent de devenir des vœux pieux alors que nous avons besoin de critères de suivi ; enfin, le chiffrage était par trop élémentaire pour être significatif. Le document tel qu’il se présente aujourd’hui appelle un certain nombre de remarques (…) ça le rend un peu confus (…). (…) Plutôt qu’un catalogue, nous aurions préféré un texte plus synthétique qui engage la Communauté urbaine dans de réelles innovations. Par ailleurs, j’attire votre attention sur un désaccord important du groupe socialiste avec cette charte concernant le problème des déplacements urbains. (…) Je pense que l’on ne peut pas refuser a priori et par principe de supprimer les voitures en centre-ville ; il est dommage de l’écrire dans une charte pour l’environnement. Regardons Strasbourg, par exemple, qui a organisé son centre de façon à le libérer de l’automobile, dévoreuse d’espace et qui s’en porte fort bien. Vous donnez comme solution la construction de parkings centraux souterrains. (…) Le groupe socialiste a souvent manifesté ici son désaccord envers cette augmentation de l’offre de places de stationnement attirant toujours plus de voitures vers le centre. A moins que la Communauté urbaine ne s’engage à libérer la surface d’autant de places qui auront été construites en souterrain et à rendre cet espace aux piétons, mais ce n’est pas ce qui est inscrit dans la charte. Toujours dans le domaine des déplacements, le financement des pistes cyclables est encore insuffisant pour que l’agglomération lyonnaise envisage de rattraper son retard. (…) S’il faut choisir entre les grandes voiries et les transports en commun, priorité aux transports en commun. Enfin, je terminerai avec trois propositions concrètes et simples faisant suite à cette charte : la commission Environnement doit se réunir plus régulièrement et devenir un espace plus tonique de discussions et de propositions. La charte n’y a été présentée que récemment aux élus et cela est regrettable. (…)


M Tête (groupe écologiste) : (…) Hasard du calendrier, cette charte suit de 24 heures la fin du sommet de Rio où un certain nombre d’officiels, d’une part et d’ONG, d’autre part, ont discuté des enjeux de la planète. (…) Les grand équilibres passent aujourd’hui par un développement majeur des transports en commun car c’est la seule manière de réellement diminuer la pollution de manière significative. Dans cet esprit d’équilibrage, on mesure réellement l’effet d’une charte d’écologie urbaine -je vais faire une comparaison avec ma profession de médecin- non pas au nombre de cachets d’aspirine que le malade ingurgite mais, finalement, à son état de santé. Si cette charte de l’écologie urbaine est un résultat intéressant en ce qui concerne l’inventaire de dispositions à prendre -que je qualifierai de type thérapeutique-, elle ne va peut-être pas encore assez loin ; c’est le débat de philosophie de l’écologie urbaine sur les grands équilibres et notamment sur l’état de la santé de la ville en elle-même. (…) Aujourd’hui, il faut reconnaître que les études sont insuffisantes mais je ne peux pas affirmer, sans connaître les chiffres de façon plus scientifique, que l’on peut s’orienter, au niveau de l’agglomération, dans une croissance telle qu’elle est indiquée. (…) Ma conclusion est la suivante : je vais voter cette charte car j’ai regardé la partie pleine du verre à moitié plein par rapport au verre à moitié vide. Je vais la voter mais je serais paradoxalement étonné que tout le monde la vote. Pourquoi ? Parce qu’une idée nouvelle entre dans les esprits, dans les mouvements politiques ; elle ne l’était pas au départ, aucun mouvement politique, il y a 5 ou 10 ans, quand les différents représentants ici sont entrés au PS, à l’UDF, au RPR, n’avait de pensée au niveau de l’écologie. (…) Le débat de Maastricht a divisé l’ensemble des mouvements politiques. Une idée nouvelle -le traité de Maastricht- peut diviser légitimement les partis politiques parce qu’elle a un effet sur l’avenir. Je veux dire par là que si un texte comme l’écologie urbaine est trop consensuel, cela signifie que l’on n’en voit pas les effets. Dans le même esprit, à Rio par exemple, le président des Etats-Unis a freiné parce qu’il avait peur des effets ce qu’il allait signer. Ainsi, je crains que derrière ce consensus, il y ait chez certains d’entre vous l’espérance secrète que ce dossier aille dans un tiroir. Par conséquent, je préférerais 51% de convaincus de la nécessité de réaliser ce texte et d’aller au-delà, que 100% de personnes qui espèrent se donner bonne conscience en la votant et souhaitent dans leur fort intérieur qu’il reste dans un tiroir.


M Mick : (…) Pour notre part, nous ne bouderons pas un document qui présente de nombreux mérites. (…) Cependant, nous tenons à vous confirmer que nous resterons très vigilants parce qu’il ne faut pas que cette charte devienne insensiblement un prétexte au rejet de l’activité industrielle et à son transfert hors de l’agglomération. (…)


M Volle (UDF, maire de Vernaison) : (…) Je vais essayer de m’attacher à évoquer l’écologie urbaine pour l’eau, les fleuves, les rivières de la Communauté urbaine. (…) Les temps ont changé, l’environnement est à l’ordre du jour. Alors nous essayons de relever la tête -nous, les riverains- et nous demandons que l’on nous redonne le minimum auquel nous avons droit. (…) J’aimerais aborder un deuxième point peu évoqué dans le document : la pollution nucléaire. (…) Je souhaiterais qu’il y ait transparence en la matière car je crois à la nécessité des centrales électriques atomiques qui semblent être aujourd’hui la source d’énergie la moins polluante. Une transparence totale doit devenir la règle sinon, ces centrales seront toujours suspectes. (…) Je souhaiterais que le Grand Lyon fasse aussi pression pour que Creys-Malville ne voit pas le jour car cette installation est aussi au nord de Lyon [comme le Bugey], c’est-à-dire au nord de la zone de captage. (…) Maintenant, j’aimerais consacrer quelques instants aux traitements de surface en matière industrielle, sujet qui n’a pas beaucoup été évoqué dans ce rapport. (…) Dès à présent, nous devrions être très vigilants pour les métaux lourds car dans les dix ans qui viennent, ce sera certainement le problème le plus important. (…) Dans le même ordre d’idée, je voudrais insister sur la nécessité de réglementer la circulation automobile sur les berges du Rhône. (…) En conclusion, je dirai que de notre capacité de réaction à préserver l’environnement dépend l’avenir de nos enfants, particulièrement par nos ressources en eau et par les risques technologiques. (…) Il faut s’entourer d’écologues, de scientifiques -vous l’avez fait et c’est très bien- qui doivent être là pour nous indiquer nos limites. Il faut savoir écouter les associations d’écologistes comme vous l’avez fait, les associations d’écologistes « neutres » qui ont le mérite de bien poser les problèmes. (…)


M Vianay : (…) L’énergie nouvelle des grandes villes à défendre les équilibres naturels ne doit pas conduire à un quelconque triomphalisme mais à une lucidité active et réparatrice d’erreurs passées qui doit produite d’abord une exemplarité de tous les décideurs et techniciens publics ou privés qui exercent une compétence sur les espaces, ensuite une culture du respect, transmise à tous, qui fasse de la nature non pas un élément rapporté dans la ville mais bien une de ses expressions. Réagir, apprendre et convaincre, tels sont les trois temps de la réconciliation de la ville avec ses paysages. (…) Enfin, le Grand Lyon doit s’imposer une grande modestie dans sa réflexion d’aujourd’hui quand on connaît la mauvaise place de Lyon en matière d’espaces verts publics et sa contreperformance d’une platanisation à 80% de ses arbres. Il est donc grand temps d’être moins pilote que responsable. (…) Il nous faut d’abord renoncer à une logique routière de la voirie. (…) Ces objectifs ce concrétiseront par la définition de plans verts et d’un schéma de voirie verte (…). Vaste contrat moral entre le Grand Lyon et sa nature, elles n’auront de sens que si elles sont relayées au quotidien par chaque habitant. (…) Elle suppose son inscription dans la durée, une mise en œuvre réaliste et critique s’il le faut, enfin, un engagement de tous les élus, seuls à convaincre les habitants qu’ils représentent de l’absolue priorité d’une fin de siècle.


M Gaudin (groupe du Rassemblement) : (…) Cette charte de l’écologie urbaine du Grand Lyon est un élément fondamental de la politique d’environnement de notre Communauté. Pour être efficace, elle doit bien évidemment être accompagnée d’un plan d’action lui-même suivi d’évaluations. (…) but : protéger et améliorer notre qualité de vie. (…) La solution n’est pas non plus de tout figer ou de tout interdire. Attention aux règles de référence, aux idées trop arrêtées ! L’environnement de qualité, ce peut être aussi des bâtiments intégrés dans la verdure. De plus, une certaine décentralisation est loin d’être nuisible, permettant un meilleur équilibre de la charge de nos transports en commun. L’écologie ne doit pas être définie, élaborée et présentée comme une nouvelle religion. Il faut rester très pragmatique et réaliste, éloigner l’utopie et l’idéologie. Respecter la notion de progrès ; attention aux marches-arrières qui ne pourraient que favoriser le chômage ! Il ne faut pas oublier que, chaque jour, de nouvelles inventions ou de nouveaux procédés apportent des solutions à nos problèmes de pollution. (…)


M Pillonel : (…) Je crois qu’il n’y a plus d’ambiguïté maintenant. Nous savons bien que l’activité économique de Lyon est essentielle et que les industries sont essentielles. En revanche, il me semble que la transparence -qui n’existait pas jusqu’à présent- est nécessaire pour que nos concitoyens soient informés de ce qui se passe. (…) l’observatoire pourrait être cet élément de diffusion des résultats. (…)


M Le Président : (…) J’aimerais remercier l’ensemble des intervenants pour le contenu de leur intervention et l’indication qu’il y a ce soir un point de convergence dans notre travail et une volonté commune de passer aux actes, c’est-à-dire de ne pas en rester à l’adoption d’un document de principe (…). L’actualité de ces 15 jours de sommet de la Terre -Monsieur Tête y a fait allusion- avec la superbe exposition qui a lieu en ce moment place Bellecour aidera peut-être à faire prendre conscience à nos concitoyens de l’importance de ce sujet et du début de modification de comportement. (…) Pour : groupes d’action communautaire, communiste, socialiste et Monsieur Tête. Contre : néant. Abstention : néant. (…) Je vous remercie de ce vote unanime. J’en félicite l’ensemble de otre Conseil et Monsieur le Vice-Président Pillonel qui a bien préparé ce travail. Adopté à l’unanimité.